Description des élodées
Les deux espèces sont des plantes aquatiques, immergées, dioïques (fleurs mâles et femelles sur des plantes séparées). Les tiges extrêmement longues et fines – jusqu’à 3m de longueur – sont pourvues de feuilles verticillées par trois, entières et sessiles. Les feuilles de E. nuttallii sont de couleur vert clair, longues d’environ 1 cm et larges de 2mm au maximum, elles sont recourbées à l’extrémité et plus ou moins "tire-bouchonnées". Les feuilles de E. canadensis sont en revanche de couleur vert foncé, plus large que 2mm, plus rigides, à pointe peu recourbée et arrondies au sommet. Les fleurs se situent à l’extrémité d’un pédoncule filiforme atteignant jusqu’à 10 cm. Les fleurs de E. nuttallii sont violet clair et légèrement plus petites (3-5 mm) que les fleurs blanchâtres à lilas de E. canadensis (? 5mm). Les populations de E. nuttallii se composent essentiellement de plantes femelles, celles de E. canadensis uniquement de plantes femelles. Toutes sont des hydrocharitacées du continent américain.
Où trouve-t-on les élodées ?
Les deux espèces prospèrent dans des eaux calmes ou à courant faible, chaudes, riches en éléments nutritifs dont la profondeur n’excède pas 6 à 8 m, dans des lacs et des étangs.
Sur le bassin, les élodées sont observées sur un grand linéaire de la Jouanne et, par endroits du Vicoin, sur des atterrissements vaseux ou sableux, où le cours de l’eau est ralenti (naturellement, faute de pente, ou artificiellement, par la présence d’un barrage) et peu ombragé (fort ensoleillement). Elles sont particulièrement présentes et abondantes certaines années sur la commune de Neau en raison de la présence forte de bancs sableux, et dans une moindre mesure, de Montsûrs à Argentré. Les hivers à forts débits arrachent la plante, qui est peu enracinée, et limitent, l’année suivante, son développement. Sur les affluents de la Jouanne, le ruisseau du Rocher à Neau est le plus concerné.
Biologie et reproduction.
Ces espèces dioïques sont en Europe représentées presque uniquement par des exemplaires femelles. La reproduction est ainsi uniquement végétative. Même minuscules, les fragments de tige bourgeonnent et repoussent, formant très rapidement une nouvelle plante. De plus, il se forme durant l’hiver des "hibernacles", des bourgeons spécialisés formés d’un "paquet" de feuilles libres, qui éclosent l’année suivante, donnant naissance à une nouvelle plante.
Conséquences de la présence des élodées
Des fragments de tiges ou des plantes entières sont susceptibles d’être dispersées sur de très grandes distances par les oiseaux d’eau et le trafic fluvial. Ces espèces étant utilisées comme plantes d’aquarium, le déversement dans la nature de leur contenu par les aquariophiles est une pratique dangereuse. Les plantes d’aquarium ne doivent jamais être débarrassées dans la nature !
Les élodées ne sont pas consommées par les oiseaux ni par les poissons, elles peuvent donc se répandre rapidement. Elles menacent la flore indigène et forment des peuplements denses et monotones sur de grandes surfaces. Les capacités de dissémination très efficientes des élodées peuvent perturber le cours normal des eaux et entraver les mouvements des bateaux, spécialement aux abords des ports.
Lorsqu’elles font des herbiers denses, les élodées piègent les matières fines et contribuent à l’envasement des cours d’eau et peuvent, par leurs densités, conduire à rehausser le ligne d’eau et augmenter les risques d’inondation.
Comment lutter contre les élodées ?
La lutte contre les plantes aquatiques est et demeure très difficile : il faut particulièrement faire attention à ce que la lutte ne conduise pas à une dissémination additionnelle. Il existe deux méthodes principales, toute à faire en été car, en hiver, les hibernacles sont très difficiles à contrôler et leur dispersion est très facile en cas de débit ?élevé.
Arrachage manuel :- Mode de gestion efficace temporairement. Compte tenu de la durée de l’opération d’arrachage, ce type de gestion ne peut être envisagé que sur de petites surfaces, de faible profondeur où les enjeux ?écologiques, économiques sont importants. Cependant, l’arrachage manuel est à préconiser sur les cours d’eau à forte valeur patrimoniale.
Arrachage mécanique (Moissonnage/Faucardage?) : technique classique pour lutter contre les espèces végétales aquatiques invasives. Elle permet de réduire leurs proliférations et leur dynamisme, mais peut également conduire dans certains cas, à de nouvelles colonisations, encore plus fortes. Toutes les précautions (pose de filets, etc.) doivent toutefois être mises en œuvre pour éviter la propagation de fragments et causer de nouvelles populations. L’éradication est très difficile à obtenir. Les résidus de gestion doivent être séchés loin du cours d’eau sur un sol sec. Les machines doivent être soigneusement débarrassées de tous résidus. Par ailleurs, le faucardage peut détruire partiellement les populations indigènes si celles-ci sont en mélange avec les herbiers d’élodées et l’Elodée du Canada est moins sensible au faucardage que d’autres espèces natives. Certaines expériences montrent qu’il vaut mieux laisser la plante arriver à maturité et de la sortir de l’eau à la fourche.
La prévention reste encore le meilleur moyen de lutte : à l’achat de plantes pour des aquariums ou des étangs, il faut donner la préférence à des espèces indigènes. Les eaux des aquariums contenant des plantes exotiques ne doivent pas être vidangées dans les cours d’eau mais sur un substrat sec et exposé au soleil.
Actions du syndicat contre les élodées
A ce jour, la présence d’élodées sur le bassin de la Jouanne et du Vicoin ne peut être évitée mais ne génère pas de problèmes conséquents sur la biodiversité, sur l’envasement, sur l’écoulement des eaux et le risque d’inondation. Le Syndicat effectue une surveillance des secteurs propices au développement de cette plante et pourra intervenir en cas de détection de tout nouveau foyer sur des zones à risques. En 2014, il est intervenu par arrachage mécanique sur 300 mètres environ dans la partie aval du ruisseau des Rochers à Neau en raison d’un sur-élèvement de la ligne d’eau en amont des herbiers pour un coût de 800 euros H.T.